Le transport fait partie des secteurs les plus bousculés par l’actualité économique et sociale de ces trois dernières années
Transports routiers de voyageurs et transports urbains
La crise sanitaire est venue percutée de plein fouet le secteur, avec des impacts sur les conditions de travail, mais également sur les équilibres économiques des opérateurs. Ainsi, après son effondrement en mars 2020, la fréquentation du transport public demeure le plus souvent inférieure à la normale, quel que soit le réseau considéré, en France comme à l’étranger. Si une tendance au redressement est perceptible depuis plusieurs mois, dans un contexte de renforcement des politiques de vaccination, il est encore difficile d’évaluer l’échéance à laquelle la fréquentation d’avant la crise sera retrouvée. Retrouver prochainement, notre analyse sur les effets de cette crise sur les contrats d’exploitation de réseaux de transport urbain et interurbain.
Les élections municipales de 2020 ont montré, dans les programmes de certaines listes candidates, un nouvel intérêt pour la gratuité, présentée comme l’un des leviers possibles pour inciter les usagers à utiliser plus souvent les transports publics au détriment de la voiture individuelle, et par conséquent au bénéfice de la qualité de l’air et de la baisse des émissions de CO2. En outre, elle est parfois présentée comme une mesure sociale facilitant la mobilité de tous, et en particulier des personnes en difficulté financière. Si l’instauration de la gratuité, totale ou partielle, est d’abord une décision politique, elle n’en a pas moins de nombreuses conséquences économiques et sociales, et parfois techniques. Retrouver prochainement, notre analyse sur les enjeux et problématiques autour de la question de la gratuité sur les réseaux de transport public
Les années 2020 et 2030 seront marquées par l’ouverture à la concurrence de pans significatifs du transport terrestre de voyageurs en France. L’actualité des mises en concurrence comporte déjà plusieurs « points chauds », notamment en Ile-de-France, avec le processus de mise en concurrence des réseaux de bus de grande couronne qui a été lancé en 2018, et les derniers appels d’offres pour ces réseaux qui devraient intervenir en 2022. La totalité des réseaux issus de ce processus doit, en théorie, avoir été mise en service au plus tard d’ici début 2023. Les premiers réseaux de bus ainsi ouverts à la concurrence ont été mis en service le 1er janvier 2021. Sans oublier, l’ouverture à la concurrence des TER, mais également du réseau exploité aujourd’hui par la RATP. Les cadres sociaux que connaissent les salariés des opérateurs concernés par la mise en concurrence sont remis en cause. Retrouver prochainement notre analyse sur les différents enjeux et conséquences de cette ouverture à la concurrence.
Transport Routier de Marchandises
Paquet Mobilité et Loi d’Orientation des Mobilités : Impacts sur le Transport Routier de Marchandises.
Paquet Mobilité : le conseil européen, sous l’influence de la France et des pays de l’ouest européen, a pris l’initiative et a donc définie une nouvelle position sur le volet social du paquet mobilités en 2018. Le Parlement européen a adopté, après avoir fait l’objet d’âpres négociations, le 9 Juillet 2020 le Paquet Mobilité, intégrant des réformes essentielles au secteur du transport routier. Le texte intègre de nouvelles règles visant principalement :
- A améliorer les conditions de travail des conducteurs
- A mettre fin à la distorsion de la concurrence dans le secteur du transport routier par une concurrence plus équitable notamment par l’instauration de règles plus précises et contraignantes en matière de détachement des conducteurs, par l’amélioration des règles sur les temps de repos des conducteurs et par une meilleure application des règles de cabotage.
Toutefois, 8 états membres ont déposé un recours pour en demander l’annulation
La loi d’orientation des mobilités transforme en profondeur la politique des mobilités, avec un objectif simple : des transports du quotidien à la fois plus faciles, moins coûteux et plus propres.
Plus globalement le transport routier de marchandises, comme celui du transport routier de voyageurs, fait face à une problématique croissante d’attractivité des métiers de conducteurs et de chauffeurs, notamment, dans un contexte de tensions sur les conditions de travail et les conditions de rémunération.
Maritime
La crise sanitaire a marqué de manière profonde les conditions de travail et de navigation des marins du monde entier, avec au cœur de sujet les problèmes de relève qui ont entrainé des dépassements importants de temps de navigation. C’est dans ce contexte que le gouvernement français au nom de 25 états de l’UE a réaffirmé auprès de l’OIT en octobre, la nécessité du respect de la durée maximale d’embarquement, en encadrant les exceptions de manière plus ferme et en renforçant les contrôle.
Le Fontenoy de la mer a par ailleurs été l’occasion sur plusieurs mois d’échanges entre les partenaires sociaux, les professionnels de la filière et le gouvernement. Il a abouti à un certain nombre de dispositifs, dont la prolongation des exonérations de charges pour le personnel navigant, en excluant toutefois les lignes sous DSP, la simplification du dispositif d’amortissement « vert » pour inciter les investissements durables…
Un marché du transport maritime de marchandises, marqué par des hausses de prix historiques, à l’origine en grande partie de la hausse de l’inflation en France comme le reste du monde.
Le secteur maritime est traversé également par des enjeux d’investissements lourds dans le cadre la transition énergétique, l’adaptation aux règlementations en cascade…Des enjeux forts d’accompagnement des salariés pour accompagner ce changement, au travers de politiques de formation, de prévention et d’amélioration des conditions de vie et de travail
Transport aérien
Percuté de plein fouet par les effets de la crise sanitaire, le secteur du transport aérien est également particulièrement exposé aux enjeux de transition écologique et de décarbonation.
Malgré les dispositifs d’aides gouvernementaux, les salariés ont été fortement affectés et sollicités dans la période :
- Plans de départs volontaires, licenciements économiques dont certains dans le cadre de procédures collectives (redressement ou liquidation judiciaire) ;
- Pertes de rémunération dans le cadre du chômage partiel et des nombreux accords de chômages partiels de longue durée ;
- Forte pression en matière tarifaire et de productivité exercée sur le tissu de sous-traitance par les principaux donneurs d’ordre ;
- Remises en cause des statuts sociaux, potentiellement au travers d’accords de performance collective ;
- Conditions de travail affectées par le contexte et par les enjeux de productivité.
Le retour progressif de l’activité ne devrait probablement pas permettre un retour à un niveau de trafic antérieur avant quelques années, avec des entreprises qui devront faire face à la fois à la pression économique liée à une progression de leur endettement tout en devant mobiliser des investissements cruciaux pour leur avenir, à l’image du renouvellement des flottes avion vers des modèles plus performants sur le plan économique et environnemental.
La concurrence entre compagnies et aéroports s’annonce exacerbée pour capter le retour des voyageurs.
Au cours des prochaines années, un chemin reste à imaginer pour accompagner un redressement économique qui ne se fasse pas au prix d’une dégradation durable des conditions d’emploi mais au contraire repose sur de nouveaux équilibres entre la reconstitution de marges de manœuvre nécessaires à la pérennité des entreprises et une indispensable prise en compte des enjeux de conditions de travail et de rémunération pour des salariés exposés au contexte inflationniste.